mercredi 9 octobre 2013

Boulot, ivresse et autres bizzareries, Mike Kasprzak, 2013 éditions La Matière Noire.




Mike Kasprzak, c’est la vie.
Une chose est sûre, on ne ressort pas indemne de Boulot, ivresse et autres bizarreries. Et c’est exactement ce que j’attends de la littérature, qu’elle ne me laisse pas indemne. Ce jeune auteur nous embarque avec lui dans ses errances quotidiennes, dans son combat avec la vie et les mots, un match en plusieurs rounds qui ne laisse pas beaucoup de répit au lecteur. Un voyage résolument addictif.
Mike, le narrateur est à l’image de cette littérature en mouvement perpétuel, il marche, erre, cherche la vie ou une réponse à la vie, qui n’arrive pas. Alors la violence s’impose, le duel permanent, ( Violent coup de main qui raconte un match de boxe entre Mike et Bukowski étant probablement le point central, l’acmè, la mise en abyme du recueil) duel, qui se décline de plusieurs manières : l’alcool, le sexe, les bras de fer, la provocation, la boxe et les mots bien entendu. Les mots comme arme contre la misère du vide, contre ce gouffre, ce trou noir qui absorbe l’humanité. Des mots qui se livrent eux aussi un duel : la trivialité côtoie le sublime, la saleté se frotte à la grâce, la grossièreté caresse le Beau, avec une ironie mêlée de cynisme ou de désespoir, c’est selon. C’est ce qui percute en plein ventre chez Mike Kaspzrak , une empreinte laissée sur le papier et dans les tripes du lecteur.
Oui, Mike boit, comme il baise, comme il fait des bras de fer, comme il boxe, pour la réalité des corps, pour affronter les limites de tous ces corps, à commencer par le sien, seule façon de se rappeler qu’il est vivant et continuer à exister. Pourtant, le lecteur attentif pourra remarquer que dans sa rage de prendre la vie à bras-le-corps, Mike prend tout par derrière : les files d’attente, les femmes, les rues, les patrons ; il y a comme une retenue, un paradoxe, une impossibilité d’aller de front, une réserve, une timidité qu’il évoque à demi-mots et qui le rend finalement particulièrement touchant et humain…La vie c’est dur alors on irait bien s’asseoir sur un banc avec lui pour observer l’humanité, on partagerait bien son rosé qui tâche sur le trottoir. Mike est un solitaire qui s’acoquine des déviants et marginaux qu’il croise : poivrots, filles faciles, handicapés bien plus vivants que la masse de travailleurs asservis et presque morts qui balancent eux-mêmes leur existence dans le caniveau.
Pour conclure, je dirais que ce recueil illustre une littérature de rue, de vie, authentique et empreinte d’une sincérité assez unique qu’on pourra relire encore et encore, comme une réflexion éternelle. Merci Mike Kasprzak."


Le premier recueil de poésie de Mike Kaspzrak paraîtra bientôt aux éditions de la Matière Noire et  son premier roman Ivresse et Insoumissions est en préparation.